En quelques mots, qui es-tu ?
Je m’appelle Jessica, j’ai 36 ans et 2 filles de 4 et 6 ans. J’habite avec mon mari dans la métropole lilloise depuis très longtemps, après un passage par Melbourne et par Lyon il y a quelques années déjà.
Je crois que ce qui me définit, c’est ma curiosité pour un peu tout. Je peux passer d’une lecture académique au dernier numéro de Closer sans aucun problème ! Sinon j’aime lire, dessiner, mal chanter au karaoké, faire du Crossfit, faire du vélo, le stand up, voyager (mais sans avion désormais !)…
Être sérieuse sans se prendre au sérieux c’est mon leitmotiv dans la vie.
Quel est ton parcours ?
Après mon Master en science de gestion, marketing et communication (c’est très pompeux) à l’IAE de Lille, je me suis orientée vers une carrière dans le digital.
J’ai toujours été passionnée par le numérique depuis mon enfance. Je garde un souvenir ému des heures passées sur Encarta, du bruit du Modem 56k que je planquais sous un pull pour ne pas réveiller mes parents (on l’a tous fait non ?), des nuits que je passais à discuter sur caramail ou messenger, de la gestion de site Internet avec seulement 3 notions d’HTML/CSS… Quand j’ai découvert qu’on pouvait en faire un « vrai métier », je n’ai pas hésité, surtout avec l’émergence des réseaux sociaux fin des années 2000. J’ai rejoint une agence digitale lilloise spécialisée dans la production de contenus et le social media. On s’amusait beaucoup et on travaillait beaucoup aussi 🙂.
En parallèle, j’ai eu une petite prise de conscience écologique qui commençait à émerger mais elle se limitait à trier mes déchets, parce que chaque année je partais découvrir un pays lointain. J’ai ensuite rejoint la cellule innovation IT de Decathlon, puis je suis partie vers une Entreprise de Services Numériques spécialiste de l’Open Source où l’on bossait sur un tas de projets chouettes. J’y ai découvert les sujets d’e-commerce, l’usine à sites, etc. J’ai ensuite bossé directement en tant que « Product Owner » sur des sites d’e-commerce de prêt-à-porter. Une fois de plus, je ne suis pas restée très longtemps parce que j’ai rejoint un cabinet de conseil spécialiste de l’organisation / du pilotage de projets de transformation. Là-bas, j’étais consultante en management de projets digitaux.
Comment est venu ton désir de changement ? Et quel a été ton déclic ?
Mon désir de changement est monté crescendo.
Je me rendais bien compte qu’il y avait un truc qui clochait : en 10 ans, j’avais changé 5 fois de boîte. Je m’y ennuyais assez vite et éprouvais un vif désintérêt pour le projet d’entreprise qui était de gagner toujours plus, d’être toujours plus gros, de faire plus de croissance.
Lors de ma première grossesse, je suis tombée dans la marmite du zéro déchet, en lisant Béa Johnson. J’y suis allée à fond ! A l’époque j’habitais en centre ville, c’était hyper simple d’être zéro déchet. J’étais persuadée que c’était la solution.
Puis, au fur et à mesure de podcasts et de lectures – Bihouix, Jancovici, Servigne, Bon Pote, etc… – j’ai compris que c’était plus grave et beaucoup plus large. Ce n’était pas avec un oriculi (NDLR nettoyeur d’oreilles écologique) que j’allais changer les choses.
J’ai commencé à paniquer et aller au travail pour faire du « business as usual » devenait de plus en plus intenable. Grosse dissonance cognitive !
Qu’est-ce qui t’a permis de passer de l’envie à l’action ? Quels ont été tes leviers ?
Un an après la naissance de ma deuxième fille, je me suis dit : « vu l’état du monde, comment vais-je pouvoir regarder mes enfants droit dans les yeux d’ici 20 ans, sans avoir essayé à mon niveau de limiter les dégâts ? » C’est vraiment mon moteur.
J’avais quelques idées mais je manquais cruellement de temps (et de sommeil…) pour y voir plus clair. J’ai choisi de participer à un week-end Ticket For Change (en plus de la lecture du livre éponyme) qui m’a boosté ! Ça m’a aidé à organiser un plan d’actions pour shifter professionnellement.
J’ai continué à suivre des MOOCs en ligne, prendre contact avec des personnes dont le parcours m’inspirait sur Linkedin, j’ai rejoint des associations comme les Shifters, la Fresque du Numérique etc. En parallèle, j’ai radicalement changé mes habitudes de vie personnelles en termes d’alimentation, de consommation et de modes de transport.
Quels freins as-tu rencontrés ? Et comment les as-tu surmontés ?
J’avais toujours été en CDI. C’était mentalement inconcevable de créer ma propre entreprise. J’avais peur de ne pas me sentir légitime. Je me trouvais 1000 excuses.
Je suis sortie du confinement 2020 épuisée mentalement. J’ai compris que si je n’y allais pas, personne n’allait le faire pour moi. Dans 10 ans je serai encore en train de me lamenter dans un job qui ne me plaît pas. Le risque était minime : si jamais je me plantais, je pouvais toujours retrouver un « job alimentaire » (PS : j’avais très peu d’économies de côté).
Ma demande de rupture conventionnelle a été refusée. Ça a été un coup dur car sans économie je ne savais pas comment j’allais m’y prendre. C’est là que j’ai découvert le programme « Démission Reconversion Pro ». C’était long et fastidieux. Mais à la clé, cela m’a permis de percevoir les aides financières nécessaires à la création de mon entreprise et de suivre les formations nécessaires pour ma future activité.
Aujourd’hui, où en es-tu ? Et qu’est-ce qui fait sens pour toi dans ta vie pro/perso ?
Aujourd’hui je suis consultante sur les sujets de la transition bas carbone et du numérique responsable.
Comme je le disais, je suis d’une nature très curieuse donc j’ai besoin d’explorer pleins de secteurs d’activités (tourisme, alimentation, IT…), c’est comme ça que je m’épanouis ! Et encore plus lorsque je constate que je peux avoir un vrai impact positif.
On ne va pas se mentir, c’est encore beaucoup trop long, mais c’est un vrai sentiment de fierté quand je vois des déclics sincères s’opérer autour de moi. Cela passe par des ateliers de sensibilisation, la réalisation de bilans carbone, la construction de plans d’actions opérationnels de réduction des émissions de CO2, etc. Le tout, garanti sans bullshit évidemment !
J’essaie de garder du temps pour faire du bénévolat comme la Fresque du Numérique. Quand j’ai imaginé mon business model, l’un des objectifs était de reverser une partie de mon chiffre d’affaires à des associations environnementales.
Quels conseils donnerais-tu à des personnes actuellement en questionnement ?
- Participer à un programme comme Make Sense ou Hisse & Haut par exemple.
- Ecrire une lettre à son futur soi dans 1 an, un bel exercice de projection.
- Prendre contact avec des personnes dont le parcours pro vous inspire.
- Lister ses « blocages » mentaux : son rapport à l’argent, au statut professionnel etc.
👉 Le témoignage de Jessica t’a inspiré ? Tu peux la retrouver sur Linkedin.