Chemins de Traverse #3 – Julien Vidal

Julien Vidal,
Initiateur de « Ça commence par moi »

« J’arrêtais de suivre des modes et des avis qui n’étaient pas les miens et je me mettais enfin à penser et à décider par moi-même… »

1/ En quelques mots, comment te présenterais-tu ?

Je suis grenoblois, j’ai 33 ans et j’ai créé le projet « Ça Commence Par Moi » !
Je suis l’ainé d’une famille de 3 frères. J’adore le contact avec la nature, que ça soit en randonnée ou en faisant du voilier. Je crois que c’est d’ailleurs cette proximité à la nature qui m’a permis de mesurer à quel point celle-ci se dégradait au cours des 20 dernières années. C’est assez incroyable de voir les glaciers reculer en quelques chaque été un peu plus et de voir les fonds marins complètement recouverts de détritus.

2/ Raconte-nous un peu ton parcours avant de lancer CCPM…

J’ai commencé ma carrière dans le développement international au sein d’ONG, d’abord en Colombie pendant 2 ans sur les thématiques de la réduction des inégalités et l’accès à une alimentation de qualité puis aux Philippines pendant 2 ans et demi autour de l’insertion professionnelle des jeunes adultes des bidonvilles.
Là bas, j’ai été confronté aux crises qui nous occupent en ce moment et qui vont être les grands défis demain : la première en Colombie, c’était la crise de l’inégalité. Je vivais dans les favelas comme on les imagine au Brésil, des maisons décrépies où il n’y a pas grand chose. En 1h30, je prenais le bus et je me retrouvais dans des endroits parmi les plus riches que je n’avais jamais vu : des buildings, des maisons avec des gardes à l’entrée, des restaurants avec des menus à minimum 50€, … Je me suis demandé comment on pouvait vivre dans un pays où il y a autant de différences ?
Même si en France il y a sans doute des personnes qui ont ce train de vie, la rupture ne me semble pas aussi nette.
Ensuite, aux Philippines, je me suis pris en pleine poire la préoccupation du réchauffement climatique. Chez eux, le réchauffement c’est maintenant.
Ils ont 7 000 îles et subissent la montée des eaux, l’augmentation des typhons, les chaleurs qui atteignent des 45° insoutenables, c’est assez incroyable.
Tout ça, je l’ai vécu dans ma chair.

3/ A ton retour en France, de quoi as-tu pris conscience ?

Quand j’ai quitté la France en 2009, le bio c’était des paquets de galettes de riz assez mauvaises et hors de prix.
À mon retour sept ans plus tard, il y existait une alternative bio pour chaque produit dans quasiment tous les magasins. En parallèle, on parle très librement de monnaie locale, de supermarchés coopératifs, d’énergie verte, de circuits courts…
Je trouve que ça s’accélère et que le discours écologique est devenu moins anxiogène, moins culpabilisant.
Avant, les grands récits écologistes comme celui d’Al Gore répétaient des catastrophes tout le long. Or, une étude montre que la peur n’engage que ceux qui sont déjà convaincus, et braque ceux qui sont plus éloignés de ces questions. Demain, le film, ou la COP21, nous ont permis de nous projeter dans un récit collectif dans lequel on pouvait tous s’identifier. Le cyclone ou le tsunami, dans notre quotidien même si ça nous émeut, ce n’est pas le nôtre.
Je pense qu’on raccroche les wagons et qu’on n’est plus si loin que ça. Être écolo, c’est être cool maintenant.

4/ Qu’est-ce qui t’a amené à passer à l’action, et.. comment ?

Très préoccupé par la cause environnementale, je me suis demandée comment faire, si je devais nécessairement changer de boulot, ou si je pouvais peut-être juste changer mon quotidien. A mon retour en France, après 7 ans de volontariat internationale en entreprise (VIE) en Colombie et aux Philippines, j’ai été surpris du nombre d’initiatives et d’opportunités d’agir qui avaient fleuri, les AMAP (paniers de fruits et légumes hebdomadaires préparés par des producteurs locaux), les supermarchés coopératifs, etc.
Et donc à 31 ans, pour mettre en cohérence mes valeurs et mes actes, je me suis dit « allez, ça commence par toi » !
Je me suis alors fixé un challenge de 365 actions en un an pour être ambitieux dans mon changement. Du 1er septembre 2016 au 31 août 2017, j’appliquais une nouvelle action écocitoyenne chaque jour que j’adoptais dans mon quotidien.
Aujourd’hui j’ai gardé environ 90% de ces nouvelles habitudes. Ce projet a changé ma vie. Il m’a apporté de la compréhension, de la confiance en moi et une sensation de bonheur inégalée.

Ça commence par moi, c’est en fait un défi que je me suis lancé à moi-même parce que j’en avais marre de ne pas tenir mes résolutions jusqu’au bout.
Je me suis senti suffisamment adulte pour décider enfin de mettre en cohérence mes valeurs et mes actes.
Et puis le sujet écocitoyen me préoccupait grandement. Je lisais de plus en plus de choses sur la chute de la biodiversité, le dérèglement climatique, la pollution des sols, l’épuisement des ressources, l’effondrement de nos sociétés…j’avais besoin de vivre ces notions dans ma chair pour comprendre par l’expérimentation ce que ça pouvait impliquer dans mon quotidien. En testant et en adoptant tous les jours pendant an une nouvelle action écocitoyenne, je enfin eu l’impression que je reprenais le contrôle de ma vie. J’arrêtais de suivre des modes et des avis qui n’étaient pas les miens et je me mettais enfin à penser et à décider par moi-même.
Enfin, j’ai pris conscience de l’importance du Vivant dans sa globalité et j’ai commencé par me respecter moi-même. Nous avons tellement de chance d’être en vie que je fais désormais tout mon possible pour explorer mes talents, mes passions pour les vivre pleinement, mais aussi prendre le temps d’être avec ceux que j’aime et continuer à me mettre au service des autres.

5/ Quels conseils donnerais-tu à des personnes en quête de sens ?

Il faut que ce soit un jeu !
Qu’est-ce qui vous passionne, quels sont vos hobbies ? Il faut partir de là : il y a partout des initiatives, des supports qui existent et peuvent vous permettre de mettre le pied à l’étrier. Si par exemple vous aimez les jeux de société, je sais qu’il en existe plein qui sont sur ces thématiques de collaboration, orientés sur l’éco-citoyenneté, commencez par là, ce sera simple puisque c’est votre passion.
Il faut parvenir à transformer cette quête comme un jeu, quelque chose qui vous permette d’y revenir, que ce soit de la gamification.
Petit à petit vous allez vous éloigner de votre zone de confort, vous allez faire des choses de plus en plus complexes et challengeantes.

Je le dis de façon un peu provocante mais je pense qu’on n’a plus besoin d’inventer des choses pour la société de demain : tout existe, il suffit de s’y mettre.

Pour en savoir plus et découvrir cette super initiative, rendez-vous sur www.cacommenceparmoi.org

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