1/ En quelques mots, qui es-tu ?
Je suis quelqu’un de souriant. Je suis souvent très motivé par les choses que j’entreprends même parfois à l’excès. On pourrait me décrire comme une personne heureuse de vivre, curieuse avec une envie permanente de bien faire.
J’aime écouter la musique, j’aime dormir, j’aime transpirer en faisant du sport : badminton, squash, course à pied, vélo de route, j’aime sortir avec mes amis et passer du temps en famille.
2/ Quel est ton parcours ?
Travailleur entêté, j’ai toujours beaucoup donné pour mon parcours académique puis professionnel. Après un bac S, j’ai fait l’INSA de Lyon pour devenir Ingénieur en Génie Industriel. Pendant mes études, j’ai fait un volontariat aux Etats-Unis, travaillé en Angleterre et fait un Erasmus en Suède.
Après un premier stage dans les systèmes d’information, j’ai rejoint un cabinet de conseil en management. J’ai alors accompagné l’exécution de programmes de transformation dans différents secteurs comme l’acier, le sucre alimentaire, les câbles électriques, la pharmaceutique, les assurances et les services médicaux.
Désormais, je travaille dans une épicerie indépendante, bio, locale et zéro déchet à Lyon.
3/ Comment est venu ton désir de changement ? A quel moment ? Et quel a été ton déclic ?
En regardant mon parcours, je me demande pourquoi m’être donné autant de mal ?
J’ai toujours essayé d’aller vers la voie la plus générale, celle qui me ferme le moins de portes, voire celle qui m’en offre le plus. Arrivé dans mon cabinet de conseil, je vivais alors ce pour quoi j’avais tant donné : de grands projets avec de l’impact dans des entreprises puissantes, des problématiques très stimulantes intellectuellement, des méthodes d’organisation éprouvées, des collègues au top-niveau et surtout la promesse d’une belle carrière. Finalement, j’avais un job qui était bien accueilli socialement.
Mais voilà que le stress et la fatigue m’ont rattrapé. Après une mission compliquée couplée à une rupture amoureuse périlleuse mi-2019, j’ai changé d’état d’esprit. Je pensais que tant que je cherchais comment je pouvais faire partie de la solution, pour un monde plus sain et plus respectueux, ça allait.
Mais ça n’allait pas. J’ai alors dû arrêter de faire partie de ce que je considérais comme étant le problème pour faire partie de la solution.
J’ai commencé à m’intéresser au sujet de l’écologie par la lecture puis à participer plus activement aux débats moraux avec mes amis, que j’évitais jusque-là par peur de me remettre en question. Arrêter de faire partie du problème c’était de changer de travail, arrêter de suivre une promesse de « réussite » mais plutôt suivre mes convictions, redevenir moi.
En décembre 2019, on me conseille le parcours Hisse et Haut. Et avec l’aide de Laetitia, on travaille sur mes peurs, mes envies, mon enfance, mes valeurs et mes kiffs comme elle me disait. Puis me vient l’idée, un matin, sous la douche de l’hôtel, de faire un service civique dans un jardin partagé. De fil en aiguille, me vient l’évidence que je veux ouvrir mon épicerie.
4/ Qu’est-ce qui t’a permis de passer de l’envie à l’action ? Quels ont été tes leviers ?
Les discussions avec mon entourage et la méditation m’ont permis de passer à l’action.
Echanger, discuter, argumenter avec mes amis et ma famille m’a permis de sillonner le champ des possibles. A l’image de l’eau qui coule sur une vitre et ses gouttes qui empruntent de nouveaux chemins, les sujets abordés ont été autant de possibilités explorées.
Deux ans auparavant, j’avais en tête d’ouvrir mon restaurant ou mon café. J’ai déconstruit cette idée pour me rendre compte que je voulais être en contact avec les gens et que je voulais faire des choses de mes jambes et de mes mains. Je me suis vite rendu compte que travailler le soir n’était pas fait pour moi.
Je consomme des aliments bio depuis plusieurs années et pratiquement totalement bio depuis deux ans. Pour moi, l’alimentation est un besoin primaire de l’Homme, à la fois pour avoir de l’énergie et rester en bonne santé mais également en tant que moment de plaisir, plaisir du goût et plaisir de partage d’un repas. Quel besoin vient immédiatement après la respiration et le sommeil ? Bien sûr manger et boire.
Revenir à l’essentiel m’a été permis grâce à la méditation. Une à deux séances de méditation par jour pendant quelques mois m’ont permis de me recentrer, retrouver le calme, de retrouver une paix intérieure et surtout m’ont isolé temporairement de l’extérieur afin de réunir l’énergie qu’il me fallait pour passer à l’action.
5/ Quels freins as-tu rencontrés dans ton parcours ? Et comment les as-tu surmontés ?
Il me fallait trouver une destination et surmonter mes peurs.
Je me répétais qu’il me fallait une destination, avec cette dernière je réussirai à trouver mon chemin. Je n’avais pas besoin de compétences supplémentaires, mais j’avais besoin d’une vision. Et c’est ça qui m’a manqué pendant l’ensemble de mes études, je ne savais tout simplement pas quoi faire. « Suis tes rêves, fais ta passion » me disait-on, mais je ne savais pas ce qu’était ma passion. Et je ne pense pas que le commerce soit ma passion. Mais je pense qu’œuvrer pour ce qui me semble profondément bon me ressemble. Le moment où j’ai compris que je me devais de faire quelque chose qui me ressemble a été libérateur.
Surmonter mes peurs ? Oui, celle qui m’a inhibée : la peur de l’échec, la peur de décevoir et la peur de ne plus être indépendant à la fois financièrement et psychologiquement. Le simple fait d’en avoir pris conscience m’a aidé à les surpasser. J’ai essayé de comprendre pourquoi et pour qui je ressentais ces peurs.
6/ Aujourd’hui, où en es-tu ? Pourquoi avoir choisi cette voie ? Et qu’est-ce qui fait sens pour toi dans ta vie pro/perso ?
Maintenant je travaille chez Maison Courgette, je sers des cafés, je conseille les clients, je fais la caisse, je remplis les silos de produits vracs, je source de nouveaux produits, j’aide au développement du business, je rigole et je m’amuse. Voilà ce que je fais désormais.
J’ai choisi cette voie pour mêler un métier manuel mais aussi de réflexion pour gérer le commerce. J’ai choisi ce domaine pour revenir à l’essentiel et le permettre au plus grand nombre : bien manger pour soi mais aussi pour ceux qui produisent. J’ai fait ça pour respecter mes valeurs et suivre mon intime conviction.
Désormais je travaille moins, je suis aussi moins rémunéré mais je redécouvre ce que vie perso signifie : cuisiner, faire du sport, dormir à ma guise, lire, sortir et tant de choses qui me permettent « d’être » et de ne plus simplement « faire ».
7/ Quels conseils donnerais-tu à des personnes actuellement en questionnement ?
Retrouver de l’énergie en toi pour t’en servir et te mettre en action.
Fais-toi plaisir et fais ce qui te ressemble.
Choisir une voie c’est aussi refuser les autres. Le monde en a terriblement besoin actuellement.
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