Chemins de Traverse #22 – Mélanie Feliu

Mélanie Feliu, du conseil en système d’information
à la transition alimentaire

« J’ai eu besoin d’avoir un métier plus concret »

1/ En quelques mots, qui es-tu ?

J’aimerais parvenir un jour à répondre à cette question autrement que du seul point de vue professionnel. En attendant, je dirais que je suis une ouvrière de la transition alimentaire, installée à Lyon depuis 2 ans et maman d’une petite fille de plus d’un an.

2/ Quel est ton parcours professionnel ?

Après des études de chimie, j’ai démarré dans le conseil en organisation et système d’information (accompagnement d’entreprises dans le paramétrage et la prise en main de logiciels de gestion). J’ai rapidement repris un an de spécialisation en développement durable pour changer de voie. C’est alors que j’ai pris en charge la transformation et la gestion d’une association spécialisée dans l’évaluation d’impact des organisations de l’Economie Sociale et Solidaire, (IM)PROVE pendant 4 ans.
Et j’ai à nouveau ressenti le besoin de changer de voie et de m’investir dans le secteur de la transition alimentaire. J’ai alors vécu une année de transition rythmée par un congé maternité, projet de création d’activité et une période de réflexion pour clarifier mes envies professionnelles.

J’en suis finalement arrivée à devenir co-gérante de De la Ferme au Quartier, une association oeuvrant pour la relocalisation de l’alimentation à Saint-Etienne, contributrice d’Open Food France, qui développe une communauté, des connaissances et des solutions logicielles pour soutenir le développement et la performance des circuits courts alimentaires; le tout en poursuivant mon rôle bénévole au sein d'(IM)PROVE en tant que Secrétaire Générale.

3/ Comment est venu ton désir de changement ? Et quel a été ton déclic ?

Je dirais que j’ai connu plusieurs déclics. Le premier a été celui de la découverte du concept de l’Economie Sociale et Solidaire à travers mes études en Développement Durable et la lecture du livre de Muhammad Yunus sur le sujet.

Le second déclic, toujours pendant cette année-à a été celui de l’entrepreneuriat. Au travers des exemples et témoignages riches de porteurs de projets et d’entreprises, y compris des très jeunes, j’en suis arrivée à me dire, en chuchotant, « et pourquoi pas moi ? ».

Le troisième est arrivé lorsque (IM)PROVE a connu une année plus difficile commercialement. J’ai été surprise par cette difficulté que je n’avais ni anticipée ni imaginée, et cette claque m’a fait permis de me rendre compte que mon métier ne me nourrissait plus autant que ce que je le souhaitais. Et c’est là que mon besoin de contribuer à la transition alimentaire et d’avoir un métier plus concret s’est fait sentir.

4/ Qu’est-ce qui t’a permis de passer de l’envie à l’action ? Quels ont été tes leviers ?

Le soutien de mes proches dans leur écoute et leurs encouragements. Le témoignage, les histoires d’autres personnes qui avaient passé le cap et me permettaient de croire que c’était possible. Le soutien moral infini de mon conjoint et son soutien matériel et financier qui représente un filet de sécurité confortable.
Les différentes personnes que j’ai rencontrées et interviewées sur leurs métiers pour m’aider à affiner mes envies et creuser des pistes concrètes. Ma confiance sans limite dans l’avenir et dans le fait que tout est possible. Comme dirait Rémi Gaillard, « c’est en faisant n’importe quoi que l’on devient n’importe qui « !

Et, dans ma dernière transition, le soutien de Perrine, qui a su me proposer un cadre et une méthode pour continuer d’avancer dans mes questionnements quand je me sentais coincée ou quand je pensais tourner en rond.

5/ Quels ont été les freins rencontrés dans cette évolution professionnelle ? Et comment les as-tu surmontés ?

L’inquiétude de ma famille quand j’ai quitté la sécurité d’un CDI et d’un salaire confortable; qui m’a touchée au début mais que rapidement analysée comme une inquiétude générationnelle et que je ne partage donc pas.

Mes propres doutes sur mes capacités, les limites que je peux m’imposer « je ne peux pas faire ce métier car je n’ai pas d’expérience ou je n’ai pas fait les bonnes études ». Cette difficulté se présente régulièrement mais je la surmonte en regardant dernière moi. Je suis convaincue que nos expériences, réussies ou non, renforcent notre confiance en notre capacité de réussir.

La difficulté à savoir ce que je veux vraiment, ce qui m’épanouirait vraiment. Je ne pense pas qu’il soit possible de répondre ni avec certitude ni définitivement à cette question. Le mieux pour moi reste de tester et d’accepter de se tromper.

Enfin mon attachement aux gens, mon sens des responsabilités qui rend la décision de quitter un poste plus dure à prendre peut-être.

6/ Et maintenant, que fais-tu ? Pourquoi avoir choisi cette voie ?

Je suis aujourd’hui co-gérante de De la Ferme au Quartier, une association oeuvrant pour la relocalisation de l’alimentation à Saint-Etienne, contributrice d’Open Food France, qui développe une communauté, des connaissances et des solutions logicielles pour soutenir le développement et la performance des circuits courts alimentaires.

J’ai choisi cette voie car je suis profondément inquiète et concernée par l’avenir de notre alimentation mais aussi parce que je suis convaincue que notre alimentation peut être plus que positive pour les hommes, la planète et l’économie et qu’elle peut être un vecteur de transformation profonde de notre société.

J’ai choisi, pour le moment, parmi tous les enjeux liés à l’alimentation, de contribuer au développement des circuits courts. Cela répond à mon besoin de concret, d’impact social fort et aux opportunités qui se sont présentées à moi. Cela me permet de me rapprocher du monde agricole, d’en comprendre les enjeux. J’ai également choisi ces structures car elles développent toutes les deux des modes de gouvernance et un rapport au travail nouveau et, à mon sens plus vertueux.

7/ Quels conseils donnerais-tu à des personnes actuellement en questionnement ?

  • Planifier sa transition, dessiner des étapes, se fixer des jalons et des objectifs.
  • Faire le bilan de tes expériences passées : ce qui t’a plu, déplu, ce que tu souhaiterais garder, ce que tu souhaiterais abandonner, les grands succès ou accomplissements dont tu es fier.e, les moments de flow (ces activités pendant lesquelles tu ne vois pas le temps passer et tu te sens efficace, tu n’as pas le sentiment de « travailler »).
  • Utiliser l’Ikigaï pour faire le bilan sur nos talents, envies, nos aspirations, …
  • Lister des pistes professionnelles sans filtre, sans se mettre de limite, sans penser aux conséquences en termes de revenus, d’études, …
  • Puis creuser ces pistes par des entretiens et des immersions professionnelles.
  • Se lancer, saisir les opportunités. Se donner le temps, même si c’est difficile (je suis une éternelle impatiente).
  • Et enfin profiter de ces périodes de transition pour faire ce que l’on ne prend pas le temps de faire d’habitude : du bénévolat, des formations en ligne, des lectures, …

Pour contacter Mélanie, voici sa page LinkedIn.

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